Fonctionnement et patrimoine naturel

FONCTIONNEMENT ET PATRIMOINE NATUREL

Le réseau des canaux bretons fonctionne par la mise en lien des 4 grands canaux de Bretagne et de Loire-Atlantique : le canal de Nantes à Brest, le Blavet, la Vilaine et le canal d’Ille-et-Rance.

Le fonctionnent les canaux

Un canal est un cours d’eau aménagé pour la navigation, un technique qui remonte au moins jusqu’au 5e siècle avant JC. Il existe deux sortes :  

– le canal latéral qui suit le lit d’une rivière après avoir été rectifié et aménagé ; c’est le cas de la Vilaine, du Blavet et de l’Oust.

– le canal de jonction ou canal à “ point de partage ” : ouvrage entièrement artificiel reliant deux vallées fluviales par un “ bief de partage ” situé au sommet des bassins versants et des échelles d’écluses. Chaque rivière coule dans une vallée. Le canal de jonction doit donc passer par-dessus le relief qui sépare les deux vallées. Le point culminant de ce relief est appelé ligne de partage des eaux. Le réseau de canaux est ainsi constitué de rivières aménagées reliées entre elles par des canaux de jonction artificiels. En Bretagne, on compte 4 canaux de jonction.

L’alimentation en eau des canaux de jonction

Parce que l’eau coule toujours de l’amont vers l’aval (du haut vers le bas) et de part et d’autre de la ligne de partage des eaux en direction des deux rivières à relier, un canal de jonction est alimenté principalement par le haut, souvent supplémenté par des rigoles d’alimentation et des étangs réservoirs qui permettent un approvisionnement en eau. Ces deux sources artificielles compensent la perte d’eau due à l’évaporation, aux infiltrations et au fonctionnement des écluses.

L'ENTRETIEN POUR LES CANAUX

La période pendant laquelle les canaux sont fermés pour être entretenus s’appelle « le chômage ». L’entretien est entrepris par les propriétaires des voies d’eau (Région Bretagne, Département Loire-Atlantique et des Côtes d’Armor). Les portes d’écluses peuvent être réparées, voire changées, un travail effectué sur le réseau breton par l’atelier de charpente de Saint-Germain-sur-Ille. (le visionnier)

Les biefs qui ne bénéficient que d’un effet de chasse minime sont nettoyés afin d’éviter l’envasement. C’est aussi l’occasion de consolider les berges, de nettoyer les biefs des plantes aquatiques envahissantes.

L'entretien du réseau

A l’époque de la batellerie, la période de chômage avait lieu logiquement durant l’été, lorsque le niveau des eaux était le plus bas. Désormais, elle débute à la fin de la saison touristique. En 2022 le tourisme fluvial anime les canaux d’avril au 9 octobre.

Ces horaires ne concernent pas les entrées fluvio-maritimes, qui ont des horaires spécifiques.

Dates et horaires de navigation – 2023
7 avril au 8 octobre

A partir de 2022, la période de navigation ouvrira le vendredi précédant la 1ère zone de vacances scolaires de Pâques, après le 1er avril et fermera le 2e dimanche d’octobre.

Les plaisancier∙ère∙s doivent se présenter aux écluses au plus tard 15 mn avant la fin du service.

UN PATRIMOINE NATUREL À PRÉSERVER​

Des écosystèmes à protéger

Un écosystème se définit comme une unité écologique, constituée par un ensemble d’êtres vivants exploitant un milieu naturel précis. Cet ensemble est fonctionnel (reproduction, alimentation…) et équilibré grâce à deux types d’échanges : les espèces entre elles et ces espèces avec leur milieu de vie.

Le réseau fluvial de Bretagne constitue un écosystème, mais  la construction des canaux a bien modifié les milieux naturels d’origine. La nature s’est donc adaptée à ce changement et des écosystèmes nouveaux se sont créés dans les eaux et sur les berges des canaux. On parle alors de “ milieux naturels anthropiques ” (modifiés sous l’action de l’homme) avec une faune et une flore, dont une partie n’était pas initialement présente sur le territoire breton.

L'importance écologique des canaux bretons

Au début des années 1970, suite à la cessation de la navigation de commerce, le réseau des canaux bretons a failli disparaître. Cependant, très vite, on s’est aperçu que les canaux sont une fabuleuse réserve d’eau potable. Le maintien de la qualité de l’eau des canaux est donc un enjeu majeur tant pour les hommes que pour les espèces animales et végétales qui les peuplent.

Un "corridor" biologique

Les eaux et berges des canaux sont appelées ainsi car elles abritent de nombreuses espèces, qui se déplacent d’une zone à une autre selon leurs besoins : habitat, alimentation, reproduction. Tout corridor biologique doit être protégé afin de conserver une nature vivante et dynamique et surtout les espèces indigènes, c’est à dire est une espèce qui était répartie de façon bien définie et très limitée sur une certaine zone géographique.

bird-g76a55479d_1920
otter-g407f95734_1920-q2jaqa1bkwtzn9pmdrilx0rr04dxx3lzg9o8zb4oc4
moorhen-g16482674c_1920

LES PRINCIPALES ESPECES A PROTEGER

La faune

Une grande diversité

Il y a une grande diversité de poissons dans les canaux. La présence des espèces protégées est garante de l’équilibre biologique. Les migrateurs vivent alternativement en eau douce et dans l’eau salée des océans. Le saumon atlantique, l’anguille, l’alose, la lamproie et la truite de mer utilisent les rivières comme voie de communication pour rejoindre leurs zones de reproduction.

Les poissons blancs, omnivores ou herbivores, sont de ceux qui s’acclimatent bien aux conditions de vie des canaux. Une des espèces les plus communes est la carpe. Les carnassiers tels que le brochet, la perche et le sandre, sont les espèces les plus courantes dans nos canaux. Ils s’attaquent aux petits poissons et aux poissons malades ou blessés. 

Parmi les mammifères, deux espèces retiennent particulièrement l’attention des scientifiques et naturalistes. La loutre et certaines espèces de chauve-souris dont le grand rhinolophe. Les berges des canaux accueillent de nombreuses espèces d’oiseaux comme la poule d’eau, le héron cendré, le martin-pêcheur… L’interdiction de chasser aux abords des canaux permet de manière indirecte la protection de ces espèces.

Un écosystème vulnérable

Les écosystèmes des canaux sont fragiles. L’introduction d’espèces non indigènes perturbe leur équilibre biologique. Elles prolifèrent et deviennent ainsi “nuisibles” au détriment des espèces autochtones. 

Les envahisseurs

A la fin du 19e siècle, des poissons d’eau douce et des mammifères originaires du continent américain et d’Europe centrale ont été introduits. Parmi les poissons, on trouve surtout le poisson-chat, le silure glane, la perche soleil et le blackbass. Ces poissons, appelés parfois « dents du canal », s’attaquent aux espèces autochtones et occupant leurs habitats. Le principal mammifère introduit est le ragondin, dont le nom scientifique est le myocastor. Ce rongeur a été importé en France au 19e siècle pour sa fourrure. La population prolifère rapidement et ils peuplent les berges où ils creusent des galeries qui les fragilisent.

La flore

Le rôle caché des arbres

Les arbres, qui longent les canaux jouent un rôle important. D’abord, ils définissent le Domaine Public Fluvial, mais, plus important, ils limitent aussi l’évaporation des eaux du canal surtout en période estivale. Ils permettent également de lutter contre l’effondrement des berges et matérialisent les canaux.

Les principales essences sont : le chêne, le hêtre, le châtaignier, l’aulne, le frêne commun, le saule blanc, le peuplier noir et l’érable.

Elle peut aussi devenir envahissante

Parmi les espèces introduites, certaines plantes colonisent les eaux des canaux. On trouve ainsi des plantes microscopiques comme certaines algues vertes, appelée aussi diatomées (algues vertes), mais aussi des plantes macroscopiques telles la jussie, l’élodée, l’égéria ou encore la renouée du Japon.

Le saviez-vous ?

La jussie est une plante aquatique originaire d’Amérique du Sud que l’on a importée pour la décoration des aquariums et des bassins. Le tapis dense qu’elle forme sur les berges empêche certaines espèces de se développer et les oiseaux de se nourrir. Les animaux ne sont pas les seules victimes puisque la jussie gêne également les pêcheurs, les activités nautiques et touristiques.

La meilleure manière de l’éradiquer est d’arracher manuellement ses racines.